Vous savez, même nous, les religieux, nous n’allons pas toujours bien. Nous venons parfois à la chapelle assommés, sonnés par une tristesse, un échec, un péché, une déconvenue. Un frère parfois n’arrive pas à chanter. Il m’est arrivé de voir un frère pleurer. Un frère va parfois voir un autre à la fin de l’office pour lui dire : « J’ai vu que tu n’arrivais pas à chanter. J’ai prié pour toi. » Pour eux, avec eux, à leur place parfois, nous prions le psaume 42 : « J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur. »

Cette expérience n’est pas d’abord celle des religieux. Elle est celle de disciples de Jésus qui prient ensemble, par exemple le dimanche à la messe. Nous chantons ensemble pour que la foi de l’un soutienne la foi de l’autre. Nous prions ensemble pour que l’espérance d’un tel sauve l’espérance d’un autre. Nous nous appuyons sur la prière des autres pour dépasser les chocs de l’existence. Mystérieusement, ensemble, nous laissons le Saint-Esprit prier en nous. « L’Esprit vient en aide à notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous en gémissements inexprimables. » 

Qui va s’appuyer sur ma prière aujourd’hui ? Nos frères et sœurs sont comme des acrobates de cirque qui voltigent de trapèze en trapèze pour le service du Seigneur. Pour qui vais-je tenir le filet aujourd’hui ? Qui peut compter sur ma prière ?