Tout a basculé l’été dernier dans la famille de Stéphane et Magalie. Magalie traînait de la fatigue depuis des semaines. Elle mettait ce harassement sur le compte d’un excès d’activité, mais elle a commencé à maigrir. Son médecin a ordonné des examens approfondis. Le verdict est tombé, implacable : cancer du pancréas, inopérable. Magalie a 42 ans. Ses enfants en ont 7 et 9. En une matinée, tout s’effondre dans une famille heureuse, unie, aimante. 

Vers qui se tourner ? Stéphane encaisse, réorganise sa vie pour accompagner son épouse. Les parents de Magalie se libèrent pour être au maximum avec les enfants, qui ont tout compris. « On va où après la mort ? », demande Arthur, le plus jeune des garçons. Les amis sont là aussi, merveilleux d’attention et de prévenance. Mais l’issue est connue de tous, inévitable à vues humaines.

Vers qui se tourner ? L’Évangile, que les parents de Magalie ont souvent lu, déborde d’histoires de guérison. « L’esprit de Dieu m’a envoyé guérir ceux qui ont le cœur brisé », affirme Isaïe. Mais souvenons-nous de ce que disait aux prêtres le cardinal Veuillot, archevêque de Paris, atteint lui aussi par le cancer : « Nous faisons de belles phrases consolantes sur la souffrance… Nous ignorons ce qu’elle est et j’en ai pleuré. » Oui, Dieu semble bien loin un soir de chimio ; il semble bien loin quand on voit venir la souffrance d’un petit bonhomme qui va perdre sa maman. « Le Seigneur est proche ? » Ne le répétons pas trop vite, à la légère. Je le crois, « le Seigneur est proche »… Mais pourquoi sembles-tu si loin, Seigneur ? Pourquoi es-tu silencieux quand je crie vers toi dans la prière ? Le même Isaïe gémit comme nous quand nous souffrons : « Vraiment, tu es un Dieu qui se cache ! »