Le frère Ambroise-Marie Carré, dominicain héros de la résistance, prédicateur à Notre-Dame de Paris et membre de l’Académie française prêchait un samedi, jour de la Vierge Marie. Un de ses amis pasteur protestant le taquina en citant saint Bernard : « De Maria, numquam satis. » : De Marie, je ne suis jamais rassasié…

Il est vrai que les catholiques sont des fervents de Marie et que l’Église a multiplié les fêtes de la Vierge. C’est qu’ils voient en elle une mise en œuvre humaine du projet de Dieu et le modèle de disciple du Christ. Chez les Dominicains, Marie est moins l’objet d’une élaboration théologique que la compagne d’un style de vie au quotidien, simplement, en confiance… mélodique. Ce sont les mêmes qui étudient la Parole de Dieu à l’École biblique de Jérusalem et qui la louent le soir, et processionnent vers elle en chantant le Salve.

Et le Père Carré ? Il m’a aidé à intégrer, avec justesse, la présence de cette femme étonnante dans ma dévotion.

Il y a la fille d’Israël, choisie entre toutes les femmes. Il y a le « oui » de l’Annonciation. Il y a la mère inquiète qui cherche son fils fugueur. Il y a la complice de Cana. Il y a la douleur au pied de la croix, tel un glaive qui transperce le cœur. Il y a l’amie révérée au Cénacle et à la Pentecôte.

Il y a la prière qui reste quand toutes les autres se sont évaporées ou sont devenues impossibles : « Je vous salue Marie, pleine de grâce. »

Bref, disait le père Carré : « Nous vivons dans l’air de la Vierge Marie. » Un air, une douce brise à respirer sans modération. Alors nous sentirons le parfum du Christ, pour nous rapprocher de lui par elle.

Illustration : La naissance à Bethléem de Arcabas